De gauche à droite: M. Lahcen SARROU, Trésorier de la GMS, Jane D. HARTLEY, Ambassadrice des Etats-Unis, Saïd BOULAHTIT Secrétaire Général
Ce n’est encore que très récemment que la GMS a émergé au sein de la ville strasbourgeoise, façonnée par son original concepteur italien pour épouser le paysage urbain par sa stature et son architecture innovante et être le lieu de recueillement et de rendez-vous des fidèles. Leur nombre s’élève en moyenne à 1500 les vendredis et double lorsqu’ils sont fériés. Outre les rencontres spirituelles, sa voûte imposante abrite également des événements culturels et politiques.
C’est ainsi que le mois dernier trois ministres de la République sont venus dispenser des paroles de paix, de réconfort, et sceller l’engagement citoyen de la GMS en faveur de la création d’un cursus scientifique de formation des imams. Toute jeune mais déjà symboliquement l’égale des édifices religieux alsaciens, la GMS accueille aujourd’hui l’Ambassadrice américaine. C’est bien dans la continuité de cet élan de paix et de fraternité interreligieuse que s’inscrit la présence de Madame Jane D. Hartley, qui a par ailleurs visité la cathédrale de Strasbourg et la synagogue.
Une visite chaleureuse
C’est dans cette ambiance conviviale, loin du langage et des codes diplomatiques, que M. Boulahtit prononce son discours de bienvenue :
« Merci Madame l’Ambassadrice de votre visite. Au nom de la GMS et de son Président, au nom de tous les membres du conseil d’administration et de l’ensemble des amis ici présents, je vous exprime toute ma gratitude. Sachez que nous sommes très honorés de cette belle initiative que vous avez prise de nous rendre visite aujourd’hui dans ce lieu béni. Merci beaucoup ».
La GMS accueille environ mille cinq cents fidèles tous les vendredis et plusieurs centaines de visiteurs tous les mois, désireux de connaître l’islam et son lieu de culte.
Ce sont des lycéens, des étudiants des écoles d’architecture, de journalisme et de différentes universités ainsi que des hommes politiques, des diplomates et des personnalités religieuses. Pour la GMS, chacune de ces visites est le témoignage vivant d’un islam de paix et d’un islam du juste milieu, d’un islam de fraternité et de solidarité entre les hommes. Et c’est aussi une grande opportunité, pour la GMS, dès lors qu’elle a le plaisir de recevoir de grandes personnalités comme vous, d’émettre un vœu, le vœu que vous portiez ce message de paix de tous les musulmans, et de contribuer à le répandre entre les peuples afin que règnent la paix et le « vivre ensemble ».
Nous pensons sincèrement qu’en tant qu’Ambassadrice des Etats-Unis vous êtes bien placée pour porter cette parole de paix et que vous pouvez la porter loin, très loin .Vous êtes l’Ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique, vous serez j’en suis sûr l’ambassadrice de la paix dans le monde. Encore une fois merci beaucoup d’être venue à la GMS », conclut monsieur Boulahtit, avant d’ajouter : « you are welcome to the GMS ».
La visite des locaux de la Grande Mosquée
La réponse de madame Jane D. Hartley est également enthousiaste et chaleureuse :
« Je tiens tout d’abord à m’excuser humblement de devoir écourter ma visite car j’ ai un rendez-vous téléphonique totalement imprévu avec la Maison Blanche.C’est ma première visite à Strasbourg, j’ai déjà visité d’autres villes de France ces vingt dernières années mais je promets de revenir à Strasbourg et à la GMS, c’est sûr. J’ai demandé à la Consule générale des Etats-Unis quand elle préparait le programme d’organiser cette rencontre-ci. Il est très important pour moi d’être là comme je l’ai été à Paris lors de la visite de sa mosquée. Je viens à la rencontre de ces responsables porteurs de paix et je tiens à féliciter la GMS de ce message qui est celui dont le monde a besoin aujourd’hui. Et je promets fermement que ce message sera transmis à Washington et que je ferai tout mon possible personnellement pour le faire connaitre notamment en travaillant avec la communauté interreligieuse pour encourager la liberté, la diversité, la paix. Il est essentiel de faire passer ce message à toutes nos communautés, vraiment essentiel.
La Maison Blanche est très impliquée dans ce domaine car elle vient d’organiser un sommet pour lutter contre l’extrémisme violent et l’un des points importants de cette réunion de très haut niveau était notamment de faire passer ce message de paix et de tolérance à toutes nos communautés. Aussi j’espère qu’à l’avenir nous allons pouvoir travaillerensemble et que vous pouvez vous adresser au Consul Général ici présent pour continuer à faire passer ce message et notamment auprès des jeunes. Merci beaucoup ».
Le cérémonial du thé s’est poursuivi après ces deux allocutions et Madame l’Ambassadrice ajoute en s’amusant qu’elle a passé la semaine à boire du thé à la menthe, notamment au Maroc où elle est restée quelques jours, et a une préférence pour le thé strasbourgeois.Madame l’Ambassadrice s’est ensuite beaucoup intéressée à la vie religieuse de la GMS en posant de nombreuses questions sur la communauté et ses fidèles.
Son impression générale est que les relations interreligieuses sont très bonnes, et elle s’interroge sur la manière dont se fait le travail avec les autres cultes ; M. Boulahtit lui relate différentes rencontres et activités, dont les assises religieuses auxquelles assiste un membre permanent de la GMS.
Madame l’Ambassadrice est alors invitée à visiter l’enceinte de la mosquée. Toutes les dames présentes se prêtent au rituel du foulard et chacun enlève ses chaussures avant d’y pénétrer en silence. La présentation est faite M. Fouad Douai.
Au début du projet de construction de la mosquée, cinq cabinets correspondant à cinq grands courants d’architecture s’étaient proposés : le cabinet de Zaha Hadid de l’école anglaise, celui de Paolo Portoghesi de l’école italienne, de Mario Pota de l’école suisse, de Jean-Michel Vilmotte de l’école française, et une équipe locale allemande et alsacienne.
Si l’édifice épouse extérieurement le paysage urbain,son esthétique est aussi orientale. L’idée s’imposa d’elle-même comme le symbole d’une rencontre harmonieuse. L’extérieur de la mosquée ressemble ainsi à une grande fleur qui déploie ses pétales à l’arrivée des beaux jours ; cette construction originale repose sur une charpente métallique débarrasséedes traditionnels piliers de colonnes, la coupole semblant alors se soutenir d’elle-même.
Quant au million de pièces de zelliges recouvrant les murs, il fut assemblé à la main pièce par piècepar le savoir-faire unique de sept artisans venus spécialement de Fès, capitale culturelle et religieuse du Maroc, cité millénaire abritant la plus ancienne université au monde encore en exercice, La Karaouiyine. Une quinzaine d’artisans, fassis également, façonna le large minbar. Madame l’Ambassadrice ne tarit pas d’éloges et de questions devant l’architecture et la décoration orientale de la mosquée, comme sur le nombre d’ouvriers ayant travaillé sur le chantier – 1500. Elle saisit rapidement l’esprit dégagé par le choix des matériaux, le style, les détails décoratifs. Les espaces ouverts de la mosquée inspirent la plénitude aux esprits en litanie et transforme une simple salle de prière en un havre de paix commun.
Le bleu quasi uniforme de la moquette auquel les mosaïques font écho y participe et reflète l’azur du ciel alors que les bandes jaune pâle qui l’ornent représentent le sable.
Le lieu figure l’infini, l’essentiel, et dispose à une ferveur imprégnée par la paix, l’amour et la fraternité entre les hommes.
En quittant la salle de prière, la mosquée n’avait plus de secret pour Madame l’Ambassadrice. Sous le charme, elle déclare que tout est parfait. Vient enfin le moment des cadeaux. La GMS a commandé l’Ambassadrice un tableau personnalisé où figurent en lettres calligraphiques arabes ses nom et prénom de part et d’autre du dessin d’un oiseau bleu, ainsi qu’un proverbe écrit en français.