Tribune

La découverte de la source du mal passe obligatoirement par la mise en évidence de la dimension temporelle de la religion

Par : Pr Noureddine AOUSSAT1

 

Nous n’avons pas fini avec les clichés éculés du Moyen âge,pour qui le terme jihâd ne saurait signifier que guerre et combat ; et nous voilà aujourd’hui avec le terme jihadisme qui passe à devenir synonyme de terrorisme. Autrement dit les auteurs musulmans réformateurs, qui ont le souci d’éclairer l’opinion et lui expliquer le véritable sens des concepts et terme ont fort à faire présentement.
 
Le Jihâd, voilà donc un sujet que les détracteurs de l’islam, de l’époque médiévale ou moderne, aiment bien évoquer pour discréditer la religion du Prophète Muhammad. Pourtant, une analyse objective et sereine de ce qui est propagé à ce sujet nous montre que des approximations déplorables et des amalgames scandaleux sont dits et redits. Visiblement, nombre d’auteurs, et non des moindres, se contentent seulement de se copier les uns les autres, et, sans vérification ni recherche, publient des aberrations affligeantes et malveillantes sur la signification et l’étendue du jihâd en islam.

La traduction exacte du terme jihâd dans son acception large est «l’effort».

 

Alors, qu’est-ce que le jihâd ?

 

Commençons par une définition terminologique. Que signifie donc le mot jihâd ? Ce mot arabe al-jihâd est un nom masculin singulier. Autrement dit, tout à fait le contraire de l’utilisation abusive qui en est faite en français, quand on dit «la jihâd». En fait, cette féminisation du mot arabe jihâd est un glissement sémantique. C’est la conséquence de l’interprétation idéologique du polysémique terme jihâd, qu’on traduit abusivement par «la guerre sainte».
Ceux qui sont compétents et connaissent la langue arabe savent que le mot jihâd vient de la racine trilitère j.h.d. qui signifie «effort». Par conséquent, la traduction exacte du terme jihâd dans son acception large est «l’effort». D’ailleurs, plusieurs versets du Coran et paroles du Prophète Muhammad attestent de cette signification et l’étayent : «N’écoute pas les incroyants, combats-les rudement avec ce Coran»2 . Autrement dit, Dieu enseigne à son Prophète que le Coran, de par ce qu’il contient comme vérités et arguments, est sa meilleure arme. Indéniablement, il s’agit ici d’un combat verbal et d’une lutte au moyen d’échange d’arguments. Les traductions les plus courantes de ce verset rendent mal sa signification. Jacques Berque, à un mot près, nous propose une traduction très fidèle : «Ne cède pas aux dénégateurs. Par ceci [le Coran] combats-les d’un grand combat »3. Ainsi, non seulement ce verset nous montre que la parole, en l’occurrence l’utilisation du Coran, est un combat, mais «un grand combat» «jihâdann kabîrann», est-il dit.

 
En écho à ce verset et d’autres encore, le Prophète dit : «Le meilleur des jihâd-s, c’est que tu fasses le jihâd envers ton désir et ta passion, pour (plaire à) Allah ». Nul doute qu’il s’agit bien ici de l’effort que le musulman doit fournir pour que ses désirs et ses passions soient conformes à ce que Dieu agrée. Et c’est indéniablement un effort spirituel et non un combat physique. Une autre citation célèbre et authentique, évoque ce sens du jihâd; c’était lorsque le Prophète s’apprêtait, un jour, à partir en campagne, un de ses compagnons lui demanda de l’accompagner, il répondit : «Tes parents sont-ils vivants ?» «Oui», dit l’homme. Et le Prophète lui répliqua alors : «C’est vis-à-vis d’eux (tes parents), que tu dois faire le jihâd». Que veut dire le Prophète en recommandant à l’homme de faire le jihâd à l’égard de ses parents ? Indéniablement, il faut comprendre: faire l’effort de se conduire pieusement et respectueusement avec ses parents. Dans un autre dire, le Prophète considère la compassion et la solidarité sociale envers les nécessiteux, comme un jihâd: « Celui qui pourvoit aux besoins de la veuve ou de l’orphelin, est comme le mujâhid [celui qui accomplit le jihâd] dans le sentier d’Allah». Enfin, citons cet autre dire du Prophète, en réponse à une question de femmes lui demandant pourquoi ne sont-elles pas sujettes à la prescription du jihâd, au sens de combat ?
Le Prophète leur répondit : « Allah vous a prescrit un jihâd dans lequel il n’y a pas de combat! C’est le Hajj (le pèlerinage)».

Il est scandaleux de traduire le mot jihâd par «guerre sainte» ou «guerre juste»

 

Ainsi, on mesure bien à travers les termes de ce hadith combien il est faux et scandaleux de voir traduit, systématiquement, le mot jihâd par « guerre sainte » ou « guerre juste ». En effet, quand bien même on pourrait rencontrer dans certains écrits arabes contemporains l’utilisation de la formule « al-jihâd al-muqaddass » (le combat sacré), il faut savoir que ce concept, présenté en ces termes, est inexistant dans les sources scripturaires musulmanes.

Nous mettons au défi quiconque de trouver dans le Coran ou dans la Sunna du Prophète un quelconque passage qui parle de « guerre sainte » ou de « guerre sacrée » ! En effet, la traduction en arabe de « la guerre sainte » est « al jihâd almuqaddass », ou « alqitâl almuqaddass » ou bien encore, « alharb almuqaddassa ». Or, faut-il le préciser encore, toutes ces occurrences qui sacralisent ou sanctifient le combat, sont entièrement absentes des sources scripturaires de l’islam, qui sont le Coran et la Sunna. En revanche, les spécialistes savent bien que le concept « guerre sainte » a une origine et une histoire, qui se trouvent en Occident chrétien et remontent au Moyen âge, à l’époque des croisades.
 

Le combat en islam et la loi des équilibres

Certes, le Coran et la Sunna parlent bien de combat. Il y a des versets dans le Coran qui parlent du combat, et aussi certains propos du Prophète Muhammad qui traitent de ce sujet. Il est question alors de combat mené dans le sentier de Dieu, qui est la traduction en français de jihâd fî sabîli-Llâh. Ceci est un fait, et personne ne peut le nier. Cependant, il faut préciser que le jihâd en islam n’est aucunement considéré comme un acte par essence et intrinsèquement sanctifié. Dans les enseignements coraniques et prophétiques le combat revêt deux caractères. Soit il est mené dans un but juste et avec des moyens légaux, et dans ce cas il lui sied d’être considéré comme un combat dans la voie de Dieu. Soit le but est corrompu ou les moyens sont illégaux, et ce combat ne saurait mériter d’être qualifié de jihâd fî sabîli-Llâhi.
Qu’à cela ne tienne, objecteront certains. Quand bien même le Coran poserait des exigences et des conditions strictes quant aux moyens et finalités du combat, le seul fait qu’une parole divine légitime le combat, scandalise les esprits modernes.

Il est absolument fondamental que soit repoussée la domination des uns par la combativité des autres. L’équilibre des forces est essentiel pour éviter que la terre ne soit corrompue.

Ici, il convient de ne pas occulter une réalité essentielle, évidente à notre sens. Le Coran ne s’adresse pas à des êtres angéliques, pacifiques et conciliants par leur essence même. Loin s’en faut, hélas. C’est plutôt le contraire qui est malheureusement vrai. L’homme est de tout temps porté vers la recherche d’une certaine hégémonie et d’une domination de l’autre, d’où alors la nécessité de contenir les velléités hégémoniques des uns, par les résistances des autres. Il est absolument fondamental que soit repoussée la domination des uns par la combativité des autres. L’équilibre des forces est essentiel pour éviter que la terre ne soit corrompue. On trouve cet enseignement dans le Coran : « Si Dieu ne repoussait pas les hommes les uns par les autres, la terre serait corrompue. Mais Dieu est plein de bonté pour les mondes »4 . « Ce verset est d’une grande importance, il traduit une conception du monde et des rapports humains : l’équilibre des forces, dans l’adversité des gens et des nations les uns envers les autres, maintient l’ordre du monde et des choses… Ainsi, si les gens ne s’opposaient pas les uns aux autres, avec l’équilibre qui en découle, la terre aurait été pervertie. En d’autres termes, si le pouvoir, la puissance et la force avaient été concentrés une fois pour toutes dans les mains d’un seul homme, d’une seule nation, d’une seule civilisation, notre univers aurait été détruit » 5.
Ce verset énonçant un principal fondamental de la conception musulmane quant à la stabilité des relations entre les hommes et l’équilibre des forces est encore plus explicite dans le verset suivant. « Si Dieu ne repoussait pas les humains les uns par les autres, combien ne seraient pas détruits de monastères, d’églises, de synagogues et de mosquées où résonne sans cesse l’invocation du nom de Dieu, mais Dieu vient au secours de ceux qui soutiennent Sa cause car Dieu est Fort, Tout-Puissant » .6
 
En l’occurrence, les auteurs arabophones parlent de « Qânûn at-tadâf’u », qu’on peut traduire par « la loi universelle du repoussement » ou « la loi universelle de la neutralisation ». Neutralisation et repoussement de l’agresseur et oppresseur, s’entend.
 

Il est scandaleux et complètement stupide de parler du Coran comme livre de violence

 
Il faut donc préciser que le Coran, s’il parle de combat ou du jihâd – entendu comme combat guerrier –, ce n’est pas du tout en tant que principe belliqueux, ni encore comme un moyen pour dominer les autres et les contraindre à adhérer à l’islam. Il n’a jamais été question d’utiliser la force et le combat pour ramener les gens à l’islam. Le Coran est très clair là-dessus : « Point de contrainte en matière de religion ! Car désormais le chemin de droiture s’est distingué de l’égarement… »7 Si le Coran parle bien de combat, c’est en tant que moyen, hélas nécessaire, pour repousser et neutraliser la domination ou les agressions de ceux qui chercheraient à empêcher la religion de s’exprimer et de se pratiquer.
 
Principes et conditions du combat dans le Coran
Par ailleurs, des principes stricts régissent le combat en islam. Ils sont expressément indiqués dans le Coran : « Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent, et ne transgressez surtout pas, Allah n’aime pas les transgresseurs ! »8 Le verset suivant dit : « Tuez-les où que vous les rencontriez ; expulsez-les de là où ils vous ont expulsés ! Certes, la persécution est pire que le meurtre »9 .
Ce verset n’a aucunement un caractère d’injonction générale. Il parle bien d’expulsion, et d’un endroit d’où celle-ci a eu lieu. Il s’agit bien d’un événement précis.
Cependant, les détracteurs de l’islam aiment bien extraire ce verset de son contexte et le présenter comme un verset prescriptif, dictant une règle générale, « une guerre totale contre les non-musulmans ». Et s’il fallait une autre preuve pour se convaincre que ce verset 191 relate bien une situation particulière et contingentée, il suffit de lire la suite du verset même et du verset suivant :
« Mais ne les combattez pas près du sanctuaire sacré (à La Mecque) avant qu’ils ne vous y aient combattus (les premiers). S’ils vous y combattent, tuez-les donc. Telle est la rétribution des dénégateurs. Et s’ils cessent, Allah est certes, Pardonneur et Très-Miséricordieux. Et combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de persécution et que la religion soit rendue à Allah. S’ils cessent, alors plus d’hostilité, sauf contre les injustes »10 .
 
Des versets qui relèvent de cet exemple sont nombreux dans le Coran.
Ainsi, trouve-t-on aujourd’hui deux opinions sur le sujet des versets traitant du jihâd :
Une opinion minoritaire affirmant que tous les versets sont circonstanciés et contingentés. Autrement dit, ils sont tous historiques et sans effets aujourd’hui. Cette position, contrite et justificatrice, manque d’arguments et d’authenticité.
Une autre opinion majoritaire soutient qu’effectivement nombre de versets parlant du jihâd sont des récits historiques et dont l’enseignement est abrogé ; alors que d’autres énoncent des enseignements permanents. Toutefois, lorsque le Coran parle de jihâd, il ne s’agit point d’un principe belliqueux, ni encore d’un moyen pour dominer les autres et les contraindre à adhérer à l’islam.
Le premier verset coranique révélé à propos du combat précise bien que l’autorisation donnée aux musulmans de combattre est l’application du principe de la réciprocité : « Combattez dans le sentier de Dieu ceux qui vous combattent, et ne transgressez surtout pas, Allah n’aime pas les transgresseurs ! »11 Ce verset est clair le combat mené uniquement contre celui qui a déclenché les hostilités. Et de surcroît, le verset met en garde le musulman d’outrepasser les limites permises dans la réponse à une attaque, car Dieu n’aime pas les transgresseurs. On peut nous rétorquer que, là, c’étaient les enseignements des premiers versets révélés, et que par la suite la loi islamique a évolué vers un combat contre tous les non musulmans. La réponse est que l’enseignement de l’islam à propos du combat, du début jusqu’à la fin de la révélation, est resté le même, les musulmans ne combattent que ceux qui les combattent. Nous retrouvons cet enseignement dans les derniers versets révélés, que nous lisons dans la fameuse sourate 9 at-Tawba [Le Repentir]12 . Dans le verset 36 de cette sourate, il est dit : « Liguez-vous pour combattre les polythéistes, comme eux se liguent pour vous combattre et sachez que Dieu est avec ceux qui le craignent ». La raison du combat est claire, répondre aux hostilités de l’ennemi. Et si on veut encore un verset plus précis, nous n’avons qu’à nous référer au treizième de cette sourate :
« Comment ne pas combattre des gens qui ont violé leurs serments et qui ont cherché à expulser le Prophète ? N’est-ce pas eux qui ont déclenché les hostilités ? Les craigniez-vous ? Mais c’est Dieu que vous devez craindre si vous êtes des croyants »13 .

Le jihâd, contrairement à ce qui est répandu, ne cherche ni à combattre les gens pour leur non acceptation de l’islam, ni à les contraindre à l’embrasser

En somme, pour clore ce point, nous affirmons clairement et sans aucune gêne que si le Coran parle bien de « combat dans le chemin d’Allah » (jihâd fî sabîli-Llâh), ce dernier n’est légitimé que par deux raisons : combat pour s’opposer à une attaque contre les musulmans et combat pour lever l’opposition des oppresseurs qui empêchent l’expression et l’adhésion au message de la religion.
 
Dans les deux cas, le jihâd, contrairement à ce qui est répandu ne cherche ni à combattre les gens pour leur non acceptation de l’islam, ni même à les contraindre à l’embrasser. Il faut également préciser que ce jihâd relève exclusivement des prérogatives de l’État musulman. Il n’est aucunement autorisé à des groupes isolés, et encore moins à des individus de mener un jihâd contre ou en dehors de l’État musulman.
Remarquons au passage que ce jihâd dont on parle souvent, clamé comme une entreprise de pays musulmans conquérants, n’est qu’un fantasme. Non seulement ce « jihâd » n’est plus pratiqué depuis longtemps par les États musulmans, pis encore, nombre de ces derniers sont aujourd’hui, le théâtre et la cible d’une croisade – la dernière guerre sainte – menée par l’administration américaine, par exemple. En effet, à présent, fort malheureusement, au nom du combat contre le mal, c’est bien une bonne partie de l’Occident coalisé qui pratique une sorte de « Guerre Sainte » ou Croisade contre des pays musulmans.

Les poseurs de bombes et Daesh : terroristes et non jihâdistes!

Ainsi, arrivons-nous au point qui soulève le plus grand débat aujourd’hui quand on parle du jihâd et de violence attribuée à l’Islam. Il s’agit des violences et des actes terroristes commis en Occident, notamment, par des groupes ou des individus musulmans. C’est bien ce dernier point qui soulevait le plus de commentaires il y a quelques années. Aujourd’hui Daesh dans le Levant ou Boko Haram au Nigéria, par leurs atrocités et crimes horribles qu’ils commettent seraient-ils des jihâdistes ? Disons-le d’emblée, même si des actes de violence sont commis par des individus ou des groupes musulmans, n’est-il pas funeste et scandaleux de généraliser leur responsabilité à l’ensemble des musulmans, ou l’imputer carrément à la religion musulmane ?
Mais alors, si ce que font ces groupes n’est pas islamique, que disent le Coran et la Sunna du Prophète Muhammad à propos des actes de violence et de terrorisme commis par ces individus ou groupuscules musulmans ? Et la religion musulmane, n’est-elle pas responsable des violences commises en son nom ? Ne porte-t-elle pas les germes de cette violence dans ses textes ? Entend-on dire ici et là.
 
Disons-le clairement, les poseurs de bombes et les trancheurs de gorges, tant dans le monde musulman qu’en Occident, agissent surtout pour des raisons géopolitiques et idéologiques. Ni le Coran ni la Sunna du Prophète (BDSL) ne sauraient leur servir de justificatifs ou d’arguments. Poser une bombe dans un lieu public, se faire exploser au milieu de civils dans un mariage comme à Amman, ou dans une station de métro londonien, ou encore, poser une bombe dans un train madrilène ou dans un métro parisien ou sur le passage d’un marathon comme à Boston sont des actes criminels et abominables. L’islam ne saurait cautionner de tels actes. L’islam, religion que Dieu a agréée à l’humanité, ne saurait soutenir cette violence aveugle. Hormis une situation de guerre, où l’État musulman ou l’autorité légale et légitime, à l’instar de tous les États du Monde, est autorisé à mener une guerre selon les conditions citées plus haut, aucun autre combat armé n’est justifié par l’islam.
Le Coran proclame haut et fort :
 
« Quiconque tue un être humain non coupable d’un meurtre ou de corruption sur terre sera considéré comme s’il avait tué l’humanité tout entière. Et celui qui sauve la vie d’un seul homme sera considéré comme s’il a vivifié l’humanité toute entière »14 .
Le Prophète Muhammad condamne, par des termes on ne peut plus forts, celui qui porte atteinte à la vie d’autrui : « Quiconque tue une personne liée par un pacte (mu‘âhid) avec l’État musulman, ne sentira pas l’odeur du Paradis…»15
Un nombre considérable de propos du Prophète Muhammad énonce des avertissements graves et solennels, à toute personne musulmane se cachant derrière le jihâd fî sabîli-Llâh, alors que ses visées et ses intentions, consciemment ou non , sont autres.
 
Un homme vint voir l’Envoyé de Dieu et lui demanda : « As-tu vu l’homme qui part au combat par attrait du butin, et par désir de notoriété (par ostentation), qu’aura-t-il comme récompense ? L’Envoyé de Dieu lui répondit : « il n’aura rien »16. L’homme reposa sa question trois fois et chaque fois la réponse de l’Envoyé de Dieu fut la même : « il n’aura rien » . Non seulement, ce soi-disant combattant n’aura aucune récompense, mais il connaîtra le pire des sorts, comme l’indique, de façon on ne peut plus explicite, cet autre propos du Prophète Muhammad : « Assurément, la première personne qui sera jugée le jour de la résurrection, est un homme mort en martyr. On le ramènera (auprès de Dieu) et on lui rappellera les bienfaits dont il jouissait (dans sa vie), et il les reconnaîtra. On lui demandera alors : quel usage as-tu fait de ces biens ? Il répondra : Ô mon Seigneur j’ai combattu pour toi (pour ta cause) jusqu’à la mort en martyr. Dieu lui répondra : tu as menti. Tu n’as combattu que pour qu’on dise de toi que tu es brave et courageux. Et voilà que ça a été dit »17 .

Faut-il rappeler que la plupart des victimes du terrorisme dit jihadiste sont des musulmans ?

Lorsque l’on entend des politiques ou des intellectuels, ici en France ou en Occident en général, traiter l’islam de belliqueux, non seulement cela scandalise les musulmans parce que c’est faux et contraire à ce qu’enseigne cette religion ; mais aussi indigne car leur discours occulte une réalité, à savoir que ce sont les musulmans eux-mêmes qui ont le plus souffert et qui continuent de souffrir des violences et actes terroristes dits « islamistes »18 .
Tant en Irak qu’en Syrie, en Lybie, en Tunisie, ou en Algérie partout où des actes terroristes sont perpétrés par des individus ou des groupes armés, les premières victimes sont des musulmans. Aveuglés par la haine et manipulés par des pouvoirs occultes ces groupes qui sèment la désolation sur les terres de l’islam et parmi les populations musulmanes doivent être désignés par le seul qualificatif qui leur sied: TERRORISTES et ASSASSINS.

Notes:
1. Imam, chercheur, conférencier et formateur en management, communication et sciences islamiques.
2. Coran 25/52 ; trad. Jean Grosjean, Le Coran, décoré par Zenderdoudi, Philippe Lebaud, p. 182.
3. Jacques Berque, Le Coran. Essai de traduction de l’arabe annoté et suivi d’une étude exégétique, Paris, Sindbad1990, p. 386. Le mot manquant à cette traduction est Coran. Il faudrait donc le rajouter entre parenthèses, comme ceci : «  Par ceci (le Coran)  », pour comprendre que le moyen utilisé dans ce combat est le VERBE.
4. Coran (2,251).
5. Tariq Ramadan, Jihad, violence, guerre et paix en Islam, Lyon, Tawhid, 2002, p. 32-33.
6. Coran (22,40).
7. Coran (2,256).
8. Coran (2,190).
9.Coran(2,191).
10. Coran (2,192-193).
11. Coran (2,190).
12. Nous disons fameuse par ce que certains non connaisseurs du Coran en particulier, et de l’islam en général, croient trouver dans le verset 5 de cette sourate une prescription du combat contre les non croyants ; ce qui est complètement faux.
13. Coran (9,13).
14. Coran (5,32).
15. L’islam incite le croyant à la vigilance de l’esprit vis-à-vis de ses propres actes et à exercer l’auto critique et l’examen de conscience. L’homme est comptable des méfaits de ses actes s’il a péché par orgueil ou manque de vigilance par rapport à son intention.
16. Ce hadîth se trouve dans al Bukhârî.
17. Ce hadîth se trouve dans le recueil authentique de Muslim.
18. Il est absolument capital d’être vigilant vis-à-vis de l’utilisation abusive et à tout va de la dénomination« islamiste ». L’islamophobie, notamment, se répand vite et tranquillement depuis quelques années, en se cachant derrière un soi-disant combat contre l’intégrisme. Or, l’analyse du discours islamophobe montre clairement que la critique de l’islamisme n’est, généralement, qu’un stratagème, pour s’attaquer à l’Islam en tant que religion, et aux Musulmans en tant que communauté. *Professeur de sciences islamiques, de philosophie, de méthodologie appliquée, d’histoire Arabo-musulmane, et de sciences économiques ; et auteur de plus d’une centaine d’ouvrage traitant essentiellement la méthodologie appliquée à ces cinq disciplines.Après une longue carrière de recherches et d’enseignement universitaire, il est actuellement le Président de l’académie Zitunienne ouverte (OZAC), et secrétaire général de la fondation pour les théosciences en Tunisie. Mais, ses travaux de recherche (en Arabe, Français et Persan) étant peu conformistes, seulement une trentaine en est publiée (chez New Med House ; Tunisie).

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