De gauche à droite : M. Lahcen Sarrou, Trésorier de la GMS, M. Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur, Mme Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation Nationale, M. Manuel Valls, Premier Ministre, Ali El Jarroudi, Président de la GMS.
Ce centre s’appuiera sur l’expérience de Strasbourg, terre concordataire, et sur le monde académique. Il puisera sa force dans les racines d’un islam du juste milieu, né à Fès au Maroc il y a douze siècles dans la prestigieuse université Al Quaraouiyine, fondée par une femme : Fatema El Fihri. Cette université a accueilli le premier Pape français, Sylvestre II (Gerbert d’Aurillac) également philosophe maymounite, mathématicien et astronome.
C’est grâce à cet islam du juste milieu, qui y rayonne depuis tant de siècles, que le Maroc mène un combat impitoyable contre l’intégrisme et le radicalisme. Aujourd’hui, rappelle le Président, la GMS est soucieuse de s’inscrire dans la démarche gouvernementale d’une restructuration de l’islam de France. Elle s’inspire de l’exemple de l’université Al Quaraouiyine et propose un encadrement religieux résistant à toutes les dérives extrémistes. La participation des différentes obédiences de l’islam avec le concours d’intellectuels musulmans contribueront, sans conteste, à la réussite de ce projet.
Discours du premier ministre
Dans son allocution M. Manuel Valls, conscient de toutes les difficultés rencontrés par l’islam et les musulmans de France, reconnait que les défis à relever sont nombreux.
L’enjeu est tel que le sujet a été à l’ordre du jour du dernier Conseil des Ministres. Tout en exprimant sa volonté de continuer à défendre l’idée d’un islam de France, le Premier Ministre invite chacun à prendre ses responsabilités et rappelle qu’aujourd’hui, grâce à l’appui des différents acteurs : gouvernementaux, régionaux et locaux, il existe des mosquées et divers lieux de culte sur tout le territoire.
Concernant la formation, pour laquelle le gouvenement veut augmenter les moyens. M. Valls a, tour à tour, abordé les questions de financement, de subventions pour les lieux de culte et les centres culturels, d’abattage rituel, du pèlerinage, de l’aumônerie, de la laïcité et de la sécurité.
M. Manuel Valls pose également la question du soutien financier des états étrangers et, la main tendue, propose diverses aides. Cette volonté de « l’envie de vivre et de réussir ensemble » n’est pas une nouveauté, rappelle le Premier Ministre, mais sera la démonstration que l’islam de France est totalement compatible avec les valeurs de la république : égalité homme/femme, laïcité, refus du blasphème…
Le Premier Minstre a par ailleurs exprimé son désir d’un dialogue sincère et constructif et compte sur l’Alsace, et plus particulièrement l’expérience de la Grande Mosquée de Strasbourg et des différentes associations, pour réussir et pérenniser « le vivre ensemble ».
Discours du ministre de l’intérieur
De son côté, M. Bernard Cazeneuve a insisté sur le climat de confiance à instaurer entre les français musulmans attachés à un islam de paix, de tolérance et de concorde, et le gouvernement afin de réussir « le vivre ensemble ». Tout en réitérant la responsabilité de chacune des parties dans la réussite de ce grand projet.
Six points ont été énoncés
Protection des lieux de culte, institutions, et détermination sans faille à l’égard des actes et propos antimusulmans. Protection des personnalités musulmanes et autres.
Volonté d’être dans un dialogue sincère avec la communauté musulmane au même titre que celui qui existe déjà avec les chrétiens de France.
Formation : l’État laïque ne s’occupera pas de la formation des ministres de culte mais fera tout pour que cette formation soit à la hauteur des espérances et des exigences des musulmans quant au niveau théologique : on passera ainsi de 6 diplômes universitaires de formation religieuse, civile et civique à 12. La seule condition au recrutement des aumôniers sera l’acquisition de ce diplôme. Ainsi aucune concession ne sera faite au principe de laïcité et la volonté de donner le meilleur aux étudiants sera respectée.
Création d’une fondation des œuvres de l’islam de France pour préserver les valeurs et biens culturels — dans un contexte où certains fanatiques détruisent œuvres d’art et musées. Cette fondation aura pour missions : l’aide au financement d’édifices comme la GMS avec de fortes exigences architecturales et urbanistiques, le financement de bourses honorifiques, le soutien à la diffusion d’une culture par l’organisation d’exposition en lien étroit avec les milieux scolaires et universitaires.
Renouer avec la grande tradition française de la recherche en islamologie par la création de laboratoires de recherche de dimension européenne pour permettre à la France de perpétuer son rayonnement dans ce domaine.
Dialogue inter-religieux : au niveau local, beaucoup de collectivités territoriales se sont engagées dans la promotion de la concorde en créant les conditions d’un dialogue permanent entre les représentants des différents cultes — c’est le cas à Strasbourg et à Bordeaux (Bordeaux-partage). C’est une excellente manière d’apporter la démonstration quotidienne que le dialogue inter-religieux est basé sur le respect et l’altérité. Nous pourrons ainsi espérer mieux faire vivre tous les habitants vivant sur le territoire national les uns avec les autres, et ce, quelles que soient leurs origines et leurs religions. En conclusion, Bernard Cazeneuve a insisté sur la nécessité d’atteindre l’objectif de ce plan en 6 points afin d’arriver à l’apaisement, la concorde, la fraternité et le vivre ensemble harmonieux et pacifique. « C’est la meilleure réponse que nous puissions apporter à tous ceux qui dans la radicalité, l’extrémisme jouent sur les petites haines qui rongent la république de l’intérieur». a-t-il ajouté.