Honorable assistance, avant de vous parler du prophète Mohammed autour de la naissance duquel notre rencontre a lieu aujourd’hui, je voudrais féliciter les organisateurs de cette manifestation pour l’ouverture d’esprit dont ils font preuve lorsqu’ils réunissent ici autant de monde venant d’horizons multiples. Je voudrais leur dire, ainsi qu’à tous les présents, que la religion apportée par ce merveilleux prophète qui ne cesse de faire parler de lui, chaque jour un petit peu plus, malgré les longs siècles qui nous séparent de lui; cette religion prône de manière claire cette manière de faire car les êtres humains quelque soient leurs croyances sont appelés à vivre ensemble en communauté unie et dans la symbiose la plus parfaite possible. Le mérite d’une telle manifestation est de permettre à chacun d’entre nous de fournir un témoignage que pour ma part je vais tâcher à travers ces quelques paroles de vous délivrer. C’est ainsi que je tiens à exprimer à tous les présents l’amitié qui devrait ou plutôt qui doit nous réunir sans le moindre préjugé ni fausse idée, car nous sommes finalement tous d’Adam et Adam fut d’argile. Adam fut en fait créé par le biais du verbe être conjugué à l’impératif « sois » que nous musulmans traduisons en arabe par le terme « Koun ». Il me semble que c’est cette même parole qui nous réunit ce soir et nous permet de manifester notre fraternité même si cette dernière doit se produire dans la diversité. Accepter l’autre c’est d’abord accepter qu’il puisse être différent ou penser autrement. Si tout le monde devait être pareil quel sens aurait donc la vie? C’est la diversité et la différence qui nous permet d’ouvrir entre nous une discussion constructive sinon nous n’aurions rien à nous dire et rien à faire non plus! Et à quelle monotonie cette situation donnerait-elle lieu?! Merci donc à ceux qui nous ont donné l’occasion de discuter dans le calme et la sérénité; ne dit-on pas que « de la discussion jaillit la lumière » elle-même créée par ladite parole!
Les serviteurs du Seigneur
Lorsque le mal qui devait l’emporter le cloua au lit, il demanda à ses épouses s’il pouvait se faire soigner chez l’une d’elles alors que son statut de polygame lui imposait de passer ses nuits, à tour de rôle, chez chacune d’entre elles.
Ni son statut de prophète de Dieu, ni celui de chef d’état ou de guide spirituel ne le poussèrent à faire preuve de dictature ou de tyrannie même en ces durs moments de souffrance que lui faisait subir la maladie. Un beau jour il eut un différent avec Aïcha, la plus jeune de ses épouses et celle qu’il affectionnait le plus aussi.
Il convia alors le père de celle-ci pour jouer le rôle de juge. Voulant entendre la version de chacun des deux, Abou Bakr, puisque c’est de lui qu’il s’agit, leur demanda qui allait parler en premier. Aïcha s’écria alors et dit au messager Dieu, d’un ton menaçant, parle toi d’abord, mais veille à ne dire que la vérité ! Abou Bakr surpris par l’effronterie de sa fille ne put se retenir et la gifla violemment tout en lui faisant remarquer que Mohammed n’a jamais menti pour qu’il commence à le faire aujourd’hui.
La jeune épouse ne trouva alors d’autre défense que d’aller se réfugier derrière son époux, Mohammed, qui ne trouva de son coté d’autre solution que de la prendre dans ses bras et de demander gentiment à son compagnon juge de se retirer arguant du fait qu’il ne l’avait pas invité pour qu’il frappe sa femme mais pour qu’il les aide à trouver une solution à leur différend. Je ne voudrais chers amis vous citer plus d’exemples autour de ce sujet car ils sont innombrables et tous encore plus éloquents les uns que les autres. Mais laissez moi vous dire un mot sur le respect par Mohammed des valeurs de la république française qui naturellement n’existait pas encore à l’époque. Mohammed a très tôt prôné la liberté d’expression aussi bien verbale que comportementale et ce dès lors qu’il fonda sa grande mosquée de Médine qui constitue aujourd’hui une destination de pèlerinage sans précédent.
Quand le croyant est au sein de la mosquée il se trouve libéré de toute contrainte en dehors du fait qu’il se constitue en serviteur de Dieu. Le musulman par définition ne se prosterne ni s’agenouille ni ne craint que Dieu alors que ses semblables, quelque soit leur rang social, même s’il leur doit le respect, ne sont finalement que des serviteurs du Seigneur tout comme lui. La liberté d’expression se manifeste aussi en Islam par le fait que même l’imam si jamais il fait une erreur au cours de la prière qu’il dirige, il est du devoir de ceux qui prient derrière lui de lui corriger sa faute en toute simplicité et dans les règles de la bienséance. Même le prédicateur qui monte sur son pupitre pour donner ses conseils et faire ses recommandations ne possède guère la vérité infuse et ne peut imposer ses points de vue aux gens auxquels il revient le droit de le remettre sur les rails si jamais il venait à dévier ou à dire des choses contraires aux préceptes de la religion.. de la république! L’Islam et donc, Mohammed, nous enseigne un grand principe de liberté qui est celui de point de contrainte en religion, un principe qui supporte en lui la grande valeur de la liberté en matière de croyance, alors que dire de l’expression.
A propos d’égalité
je voudrais attirer l’attention sur la manière avec laquelle Mohammed a apprit à ces fidèles d’accomplir la prière.
Y a-t-il une manière plus forte de manifester la valeur de l’égalité que celle de mettre au même rang et sans aucun type de distinction le noble et le moins noble, le riche et le pauvre, le maître et son employer, l’intellectuel et monsieur tout le monde sur une même ligne, tous égaux rangés devant un seul et même Seigneur qui, au passage, n’est pas Mohammed car Mohammed n’a jamais eu ni l’intention ni la prétention de se proclamer Seigneur mais appelait ses fidèles à se ranger devant un seul et même Seigneur qui leur est commun. La place qu’occupe chacun au sein de la mosquée est celle que lui procure son ordre d’entrée dans l’édifice.
Qui vient en premier est par définition le mieux servi même dans au cas où un autre viendrait après lui et passerait apparemment devant lui! Mohammed révèle à ce sujet dans l’un de ses hadiths recueilli lors de son prêche d’adieu que l’arabe n’a aucun mérite par rapport à un non arabe et vice versa et qu’un blanc ne peut dépasser un noir et inversement que par le biais de la piété. Dieu nous apprend en effet que le plus généreux parmi nous et celui qui sait le mieux faire part de sa piété envers Dieu. Concernant maintenant la fraternité je voudrais chers amis revenir à l’origine de mon argumentation qui était partie de la mosquée. La mosquée est un lieu de rencontre instituée par Mohammed pour que s’y rencontrent tous les habitants d’un même quartier tous les jours cinq fois. Au cours et au décours des cinq prières les gens apprennent à se connaître et petit à petit à s’apprécier cultivant en eux le sentiment d’amitié qui très vite se transforme en sentiment réel de fraternité.
Ils accomplissent leur prière derrière un seul et même homme qui n’est autre que l’imam, se confient à un seul et même Dieu qui n’est autre qu’Allah, récitent un seul et même texte, le Coran, et se dirigent vers une seule et même direction la Kaaba! Je ne voudrais pas m’attarder sur le fait qu’ils effectuent exactement, et en même temps, les mêmes gestes qui sont ceux dictés par la prière en cours et que tout cela découle et donne lieu à une unité qui leur fait dire de manière très sensible vous êtes tous des frères. Comment se peut-il qu’après tout cela ils puissent se haïr ou faire prévaloir un autre sentiment que celui de la fraternité. Mohammed a dit: l’image que donnent les croyants à travers l’amitié qui les réunit, la miséricorde qu’ils laissent transparaître entre eux et l’affection mutuelle qui gère leur relation est celle d’un seul et même organisme qui pour peu qu’un de ses organes souffre il manifeste cette souffrance en réagissant par l’insomnie et la fièvre.
Mes chers amis, je ne voudrais pas trop abuser de votre temps mais parler de Mohammed pour donner une idée sur sa réalité prendrait des heures et des heures sans que l’on puisse en dresser un tableau complet et fidèle et il est clair qu’en un quart d’heure on ne peut tout dire sur la personnalité de cet homme qui fut un grand parmi les grands. Que dire de sa conduite avec ses voisins ou de son comportement exemplaire avec ses proches ou encore avec ses amis ou même les proches de ses amis à tels point qu’il expliquait que les bonnes relations sont une importante composante de la foi. Comment gérait-il les affaires de ses sujets, comment négociait-il avec ses ennemis ou encore quels étaient ses sentiments envers les animaux lorsqu’il expliquait que donner à boire à un animal qui a soif est un type de charité fort prisé.
Dieu disait-il aime de vous que quand vous accomplissez un devoir ou une tâche que vous le fassiez en votre âme et conscience le plus parfaitement possible sans tricherie ni fourberie. Il ne demandait jamais, plus que ce qu’il ne lui était proposé et se gardait toujours de faire de ses exigences un moyen de gêner ou de déranger son prochain.
Une vie pleine de paix
La propreté de son corps mais aussi la beauté de son environnement était son cheval de bataille de quoi faire le bonheur des écologistes. Ses décisions politiques étaient toujours conciliantes et sa manière de pratiquer l’économie d’état nécessiterait l’édition d’un livre à part entière. Tout cela pour dire que lorsqu’on prend connaissance de ce personnage on se retrouve devant le parfait caractérisé et l’on ne peut à ce moment que l’apprécier. Mais encore faut-il se donner le temps et avoir la bonne volonté de le connaître.
L’adage arabe dit que quand on ignore une chose on la déteste ou du moins on la craint. Il n’est donc pas étonnant que ceux qui ne connaissent point Mohammed puissent dire des méchancetés à son adresse car se basant sur de fausses rumeurs ou des vérités qui n’en sont pas! Je pense que leur position justifie quelque peu leur comportement mais l’adage précité ne saurait justifier leur refus de demander qui est ce monsieur ou cette dame que j’envisage de calomnier. Sur ce je prie le Seigneur de nous aider à constituer tous ensemble une seule et même communauté à même de respecter les valeurs de l’humanité, ces mêmes valeurs qui sont communes à tous les êtres humains et qui garantissent une vie pleine de paix, de sérénité et de prospérité.
Merci de votre attention.
Strasbourg, le 07 mars 2009
Dr Mohamed Hassan GHARBI